Anjou et Maine

L’Anjou et le Maine sont deux provinces de l’Ouest du royaume de France, aux marches de la Bretagne. L’Anjou est devenu progressivement une principauté autonome entre le IXe et le début du Xe siècle, quand Foulques le Roux s’est proclamé comte. De là, descend la dynastie devenue celle des Plantagenêt, qui contrôlent également le Maine – sans compter la Normandie et l’Aquitaine – et règnent sur l’Angleterre à partir de 1154. Les affrontements entre le roi de France et les Plantagenêt ont été particulièrement intenses à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle. En 1202, le roi Philippe Auguste confisque à Jean sans Terre les comtés d’Anjou et du Maine, parmi tous ses fiefs continentaux, et les réunit à la couronne de France, même s’il faut attendre la bataille décisive de La Roche-aux-Moines, non loin d’Angers, le 2 juillet 1214, pour voir ces territoires rattachés effectivement au domaine royal français.

Château d'Angers, cl. Bruno Rousseau conservation départementale
du patrimoine de Maine-et-Loire

L’Anjou et le Maine ont ensuite été concédés plusieurs fois en apanage. Les dispositions testamentaires du roi de France Louis VIII († 1226) prévoient qu’ils soient donnés à sa mort à son fils Jean, mais ce dernier meurt prématurément. À la différence de son père, Louis IX (1226-1270) a confié de son vivant les deux provinces, en mai 1246, à son frère Charles (1232-1285). Quelques mois auparavant, Charles Ier devient comte de Provence et Forcalquier grâce à son mariage avec Béatrice, fille de Raymond Bérenger V et héritière des deux comtés situés en terre d’Empire. Vingt ans plus tard, à la demande de la papauté, Charles se tourne vers l’Italie et conquiert le royaume de Sicile. Il est le fondateur de la première maison apanagée d’Anjou-Provence. Mais dès le règne de son fils Charles II (1285-1309), les deux comtés d’Anjou et Maine sortent des possessions de cette maison. En 1290, le roi de Sicile donne en dot l’Anjou et le Maine à sa fille Marguerite pour son mariage avec Charles de Valois, le frère du roi de France Philippe IV le Bel.

Leur fils, Philippe de Valois, réunit l’Anjou et le Maine à la couronne lors de son accession sur le trône de France en 1328, mais Jean II le Bon (1350-1364) les en sépare à nouveau en 1356 pour les confier en apanage à son second fils Louis, avant d’ériger l’Anjou en duché en 1360. À la suite de son adoption par la reine Jeanne Ire de Naples en 1380, Louis Ier hérite par ailleurs des comtés de Provence et Forcalquier ainsi que du royaume de Sicile, dans lequel il cherche vainement – comme ses successeurs – à s’imposer. Il est le fondateur de la seconde maison apanagée d’Anjou-Provence. La lignée angevine s’éteint avec René d’Anjou qui meurt en juillet 1480 sans héritier mâle, ce qui a pour effet de ramener l’apanage angevin de manière définitive au domaine royal. Au XVe siècle, le Maine a connu une destinée quelque peu différente. En 1437, ce comté est donné à Charles, frère cadet de René d’Anjou, qui le dirige jusqu’à sa disparition en 1472. Son fils Charles du Maine lui succède, avant de mourir sans postérité en 1481, date à laquelle il institue son cousin Louis XI comme héritier du Maine – et de la Provence qui lui avait été transmise par René.

On notera les liens étroits qui ont uni l’Anjou et le Maine à la couronne de France sous les deux maisons apanagées. Ces relations inspirent les choix effectués en termes d’organisation des institutions, celles de l’apanage étant étroitement inspirées des organes de gouvernement de la monarchie française, mais aussi au regard du recrutement du personnel au service de l’État princier, qui repose sur des hommes que l’on retrouve souvent comme serviteurs des rois de France.

Isabelle Mathieu